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« L'arbitre fait partie du jeu, ils sont maintenant assez formés et sensibilisés sur ces problèmes »



L'entrée du Stade Ernest-Wallon (Crédit Photo: B.R)

Suite aux accidents survenus ces derniers mois dans le rugby français, la Ligue et la Fédération se posent pour régler certains problèmes. Lors d’une interview, Jérôme Cazalbou (consultant pour France TV et vice-président délégué au sport du Stade Toulousain) se livre sur les drames qui ont touchés le rugby français, les messages à faire passer et nous parle de jeu.


Bastien Rodrigues : Quel est votre rôle au sein du Stade Toulousain ?

Jérôme Cazalbou : Mon rôle est celui de coordination du haut niveau, c’est-à-dire faire le lien entre le centre de formation et l’équipe professionnelle. Nous avons mutualisé le fonctionnement des deux structures pour n’en faire qu’un. Et d’être en relation avec la direction sportive de l’association qui s’occupe de toute la formation au sein de l’école de rugby, et donc en lien avec Émile Ntamack qui s’occupe de ce côté-là. Et un rôle aussi administratif avec le directoire de la SASP pour permettre aux membres des staff des espoirs et des pros de se focaliser sur le côté sportif.


B.R : Quels ont été les réactions du Stade Toulousain après les drames de ces derniers mois ?

J.C : Ce sont des cas différents et les deux drames n’ont pas eu le même impact. Bien-sûr, il y a eu dans un premier temps une phase de prise en compte du côté émotionnel et du témoignage vis-à-vis des clubs touchés et des familles, et donc de s’associer aux tragédies vécues. Il y a eu surtout ensuite après le décès de Nicolas Chauvin, une démarche au sein du club pour s’assurer que nos processus étaient en place pour valider certaines choses et essayer de ne pas se retrouver dans de telles situations. Une réflexion a été menée et toujours menée. Nous sommes maintenant dans la deuxième phase qui est en train de structurer quelque chose pour la saison prochaine ; en sachant que nous avons remis au gout du jour un certain travail de formation sur des joueurs dans un premier temps de première ligne ou à partir de certaines catégories d’âge (catégories cadets) avant de faire quelque chose en dessous. Ce processus va nous permettre de commencer à identifier la capacité du joueur à évoluer à son niveau et d’avoir une certaine intégrité physique et une capacité physique à s’inscrire sur le niveau de jeu attendu et le niveau d’engagement.


B.R : Ces drames ont-ils permis d’accès un peu plus sur la formation des joueurs avec le placage et autres ?

J.C : Il y a deux choses. Nous sommes à l’écoute des directives fédérales avec des propositions qui ont été faites, des changements de réglementations au niveau des catégories d’âge. Il faut suivre tout cela de façon très pointue et de manière à ne pas non plus en interne proposer quelque chose qui deviendrait un fonctionnement interne mais un dysfonctionnement par rapport à ce que nous imposerait nos institutions. Au niveau du travail de la formation, depuis toujours, il y a la volonté que le plaquage soit bas, se fasse aux jambes, de travailler sur de la technique individuelle donc ce processus-là existe déjà. Sur ce point-là, il n’a été donc question que de faire une redite au niveau des éducateurs pour de nouveau sensibiliser s’il y en avait le besoin. Donc pas de véritable gros changement à faire parce que le discours était déjà tenu, les dispositifs et les ateliers de technique individuelle également mis en place. Ce travail-là était existant avant que ces drames n’arrivent.


B.R : Pour prendre l’exemple sur l’Angleterre et la deuxième division, une des solutions est-elle de mettre l’interdiction du plaquage au-dessus de la ceinture ?

J.C : En Angleterre, ils ont mis en place un test qu’ils ont abandonné car la mise en place d’abaisser la ligne de plaquage, a créé plus de commotions qu’avant. Je crois qu’il n’y a aucune solution totalement parfaite, seulement c’est bien que des études soient faites et qu’on puisse faire machine arrière si ça prouve que ça ne marche pas. Pour autant, la priorité c’est d’abord la formation du joueur, sur un geste fondamental qu’est le plaquage en rugby. Mais il y a l’attitude du plaqueur et aussi du porteur de balle : lorsqu’on le voit c’est le plaqueur qui peut être en danger ou mettre en danger son adversaire et inversement avec le porteur de balle. Il faut revoir complètement ou retravailler la formation du porteur de balle au moment du plaquage et du plaqueur au moment du plaquage. Tout cela va demander la mise en place d’un panel entier d’ateliers et d’un discours à tenir et c’est aussi ce sur quoi on réfléchit. Pour ensuite permettre, sur des catégories d’âge qui deviennent un peu plus dangereuses, d’après moi d’avoir un bagage ou un passeport et on y réfléchit ; quelque chose de qualifiant ou une formation ou un niveau avec une validation pour la catégorie supérieure. Pour passer sur le plus haut niveau, le joueur devra valider ces obligations, ces acquis techniques et physiques et que le joueur ne soit pas en danger pour évoluer dans un milieu de plaisir et de passion.


B.R : Qu’en est-il de la mise en place du carton bleu ?

J.C : Je pense que sur la catégorie espoir, il est en capacité d’être utilisé. Mais je n’ai pas trop l’impression d’en voir. Ce carton bleu est à la disposition de l’arbitre, il fait aussi partie du jeu et ils sont maintenant assez formés et sensibilisés sur ces problèmes de commotions. En tant que garant du jeu, il se doit aussi d’être en capacité de voir si le joueur peut reprendre ou non le match. Un joueur qui ne peut pas continuer le jeu, se relever, plaquer … doit évidemment sortir et aller se mettre sur le banc. Nous voyons également de plus en plus d’entraîneurs être totalement investis et responsabilisés sur cette problématique qui est trop grave pour qu’on ne soit pas vigilant là-dessus.


B.R : Du côté du terrain maintenant, le Stade Toulousain joue avec un jeu caractéristique depuis de nombreuses années, faut-il tourner vers ce jeu de plaisir qui donne envie d’être regardé ?

J.C : Imposer à des clubs un projet de jeu est impossible. Dans les gênes du Stade Toulousain, depuis des années et des années, il y a la volonté d’être sur un jeu de mains, de vitesse, du déplacement et du mouvement. Pour autant, il y a eu des années où l’équipe n’était pas en capacité de faire cela parce que le profil des joueurs ne le permettait pas. Donc il y a eu une adaptation avec un jeu différent qui est devenu beaucoup plus percutant. Aujourd’hui le groupe au sein du club, au professionnel comme dans le centre de formation, a un certain profil, un certain gabarit qui permet à Ugo Mola et au staff de mettre tout cela en place. Nous souhaitons tendre vers ce rugby-là. À la moitié du championnat, on est premier et qualifié pour les quarts de finale de Champions Cup donc c’est un jeu qui gagne mais on le saura vraiment à la fin de la saison. Si on se rend compte que le rugby doit tendre vers ce rugby, les supporters, les amateurs de rugby voire les instances trouvent que c’est ce jeu-là qui doit être pratiqué. À ce moment-là, c’est avec les gabarits bien particuliers qu’il faudra faire.


B.R : Quels sont les objectifs du Stade Toulousain pour cette fin de saison ?

J.C : Des objectifs de tout club, c’est-à-dire de gagner les matchs qui se présentent et de faire mieux que la saison précédente. Mais pour autant, ce n’est pas ancrer dans la tête des joueurs, nous asseyons d’associer le joueur à la performance et ses objectifs individuel et collectif. La volonté des joueurs et du club est de revenir sur une finale et de peut-être regagner quelque chose. Cependant, le projet est sur trois ans et il faut valider les étapes au fur et à mesure et si nous arrivons à accrocher un titre cette saison tout le monde sera satisfait.


B.R : Pour parler du XV de France, la blessure de Julien Marchand engendre-t-elle des complications pour la fin de saison ?

J.C : C’est une gestion d’un joueur blessé donc d’abord l’accompagnement autour de Julien pour lui permettre de revenir rapidement comme ça a pu être fait autour d’Antoine Dupont. Malheureusement, le club commence à avoir l’habitude de ces blessures-là. C’est le risque de tout joueur de rugby et de voir des joueurs se blesser avec leur sélection. Une réflexion est faite en interne pour savoir s’il faut prendre un joker médical, regarder par rapport à nos jeunes talonneurs du centre de formation et avec l’équipe espoir. Léo Ghiraldini dispute actuellement le tournoi avec l’Italie donc il va falloir aussi regarder comment il va en sortir. Aucune précipitation pour le moment en attendant que le tournoi se termine et une éventuelle décision.


B.R : Les joueurs sélectionnés sont revenus s’entraîner avec le groupe après l’Angleterre, comment se sentent-ils avec ce qui se passe autour du XV de France ?

J.C : Comme tout joueur de rugby français sélectionné ou pas, la volonté des joueurs c’est d’abord de redonner goût à la victoire à la France et que le rugby français soit performant. Ils sont désormais impliqués, ils sont parfois tristes et marqués par ce qui se passe et le fait de ne pas gagner mais toujours investis et de nouveau sélectionnés. Aujourd’hui, nous avons six joueurs qui sont avec l’équipe de France et le club se doit de les encourager pendant ces moments.


B.R : Quel regard portez-vous sur le XV de France ?

J.C : De par mes postes de consultant et de personne au sein du Stade Toulousain, je ne peux pas trop me prononcer. Malgré cela, tout doit être fait pour que l’équipe de France soit performante ? C’est un travail de l’ensemble des clubs, l’ensemble des institutions et la FFR de réfléchir sur ce qui marche et ce qui ne marche pas.

B.R

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