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« Dans la difficulté et la douleur, attention on est français ! »

Dernière mise à jour : 17 févr. 2019


Logo de la Ligue Occitane de Rugby (Crédit Photo: Comité Départemental de Rugby de l'Ariège)

Suite aux drames qui sont arrivés ces derniers mois dans le rugby français, la Ligue et la Fédération se posent pour régler certains problèmes. Lors d’une interview, Bernard Pujol (Secrétaire général de la Ligue Occitanie de rugby) se livre sur les drames qui ont touchés le rugby français, la solution contre ces problèmes et nous parle un peu de jeu.


Bastien Rodrigues : Quel est votre rôle de secrétaire général au sein de la Ligue Occitanie de rugby ?


Bernard Pujol : Je suis numéro 2 au sein de la ligue en dessous du président. En charge des commissions régaliennes et patron des régaliennes, je m’occupe de la discipline des règlements, des mutations, affiliations et de la commission d’appel.


B.R : Quels ont été vos réactions après les drames dans le rugby ces derniers mois ?


B.P : La consternation évidemment ! les joueurs ne viennent pas au rugby pour trouver la mort et le rugby ce n’est pas ça. Le rugby restera toujours un sport de combat où il y a des risques et des accidents il y en a eu et il y en aura toujours malheureusement. Nous restons solidaires de la fédération et acteurs suite à ces drames. La solidarité et l’écoute priment dans ces moments. La ligue a été très sensibilisée par ces drames car nous sommes responsables des joueurs. Le numéro 1 c’est la sécurité mais on ne peut pas tout modifier tout de suite, les choses prennent du temps.


B.R : Quels sont les actions misent en place ?


B.P : Maintenant, il faut faire des choses d’un coup ou pas. La solution miracle n’a pas encore été trouvée, pour preuve le cas des anglais qui ont baissé le plaquage à la taille en deuxième division, mais où il y a plus de commotions qu’avant. cette décision devait réduire les risques et au final ça les a augmentés. Il n’est pas question d’arrêter de plaquer, le rugby doit rester le rugby. Sur les jeunes, on a pris des dispositions qui évitent de mettre face à face des opposés en termes de ressources, de préparation et de niveau.

La France est un grand pays de rugby et dans cinq, huit, dix ans on va redevenir une nation majeure dans le rugby mondial. Il faut reprendre la formation des jeunes avec la révision dès l’entrée dans le rugby et remettre de l’évitement et surtout du plaisir. Ce sport doit redevenir un sport de plaisir parce que le rugby c’est avant tout du plaisir, même chez les pros il faut que le plaisir revienne.

Nous avons trois mots d’ordres: la formation, diminuer les inégalités de formation, et le rugby amateur plaisir.


B.R : Les messages sont-ils pareils aux clubs amateurs et clubs pros ?


B.P : Ils sont passés plus en amateur parce que ce ne sont pas les mêmes problématiques. Mais il n’y a pas qu’au rugby qu’il y a des accidents, dans d’autres sports aussi. Le rugby de collision du monde pro dessert le monde amateur. Les clubs professionnels sont organisés, ils ont une ligue. Ce sont des entreprises privées qui ont les moyens à tous les niveaux de structures, de compétences pour travailler sur le sujet. Ils ont des juridiques, des médecins, mais il y a quand même des difficultés à gérer toutes les commotions et les grosses blessures comme Marchand qui se fait les croisés vendredi et tous les autres. L’évolution du sport avec des athlètes hors normes c’est le nouveau défi.

Ce qu’il faut en rugby, je pense, c’est que le haut niveau doit légiférer de son côté mais on ne peut pas faire plusieurs rugbys, celui du haut et celui d’en bas.


B.R : La mise en place du carton bleu dans le monde amateur ?


B.P : Dans le monde amateur, les commotions sont parfois prises comme des punitions quand les effectifs sont peu nombreux, quand c’est un joueur indispensable qui prend des semaines de repos. C’est nouveau donc c’est compliqué à mettre en place, il faut tenir compte de chaque cas. Le carton bleu prend sa place petit à petit et il faut accompagner et faire de la pédagogie pour les nouvelles dispositions.


B.R : Pour parler du terrain, certaines équipes jouent un jeu d’évitement et de jeu total, faut-il tendre vers un tel rugby ?


Nous français, il faut qu’on ait l’objectif et l’ambition d’être l’une des meilleures nations au monde et on en a la capacité. Actuellement, on marque le pas chez les séniors hommes puisque les féminines gagnent le tournoi, les moins de 20 sont champions du monde en titre. Notre rugby est en retard sur le rugby d’évitement mais il faut tendre vers ce rugby car c’est le rugby qui gagne. Je pense que pour ça, il faut modifier les préparations pas faire que de la musculation. Mais on se soigne, notre rugby français se soigne.

Le Stade toulousain retrouve ce qu’est le vrai rugby par exemple. On nous reproche toujours notre rugby dans la région mais on s’en fout. La vérité est là, le Stade a toujours fait rêver et il faut qu’il nous fasse rêver à jouer comme ils le font et comme ils l’ont toujours fait.

Il faut faire jouer les jeunes, les jeunes de formation et français tant que possible. Et je n’ai rien contre les étrangers. C’est vers les jeunes qui marchent qu’il faut aller comme Lambey, Iturria, Ntamack et ils font parler d’eux parce qu’il faut aller vers eux. Si nous voulons gagner la coupe du monde en 2023 et je pense qu’on pourra la gagner. Il faut vite être dans nos certitudes. Je pense que tout le monde le sent et on le voit au Stade Toulousain. Les gens disent: "ça nous fait plaisir, c’est beau à voir, les mecs se régalent et en plus ça gagne."

En France, c’est notre rugby et il faut s’en servir et aller vers ce rugby qui gagne.


B.R : Et pourquoi ne pas mettre les jeunes ?


B.P : Il faut vite intégrer les jeunes c’est une certitude. Ce sont des perles et on en a énormément mais attention il ne faut pas leur bruler les ailes et les genoux. La grave blessure c’est compliqué. Oui, il faut les intégrer mais pas tout balayer et tout changer de suite, il faut mettre ce jeu en place avec les joueurs qui correspondent. Notre terroir est remplis de joueur qui ont la capacité de nous amener vers un jeu d’évitement.


B.R : Un pronostic pour la fin du tournoi ?


B.P : Dans la difficulté et la douleur, attention on est français !

On a failli gagner une coupe du monde en 2011 en étant nul et archi nul, et pourtant on aurait mérité de la gagner. Quand le coq a les pieds dans le fumier, tout peut arriver. C’est tout le paradoxe du français et c’est pour ça qu’on nous aime et qu’on nous hait partout dans la planète.

Nous sommes entre deux générations. Une qui ne connait que la défaite et qui a un jeu au-delà de la vaillance et de l’amour du maillot mais qui ne gagne pas et pour qui j’ai un profond respect. Et une génération qui joue un rugby d’évitement et joue autrement. 


Jouer un rugby qui gagne !



B.R

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